Les diaboliques – Jules Barbey d’Aurevilly
ByQuant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les Diaboliques ? N’ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom ? Diaboliques ! Il n’y en a pas une seule à qui on puisse dire sérieusement le mot « Mon ange! » sans exagérer. Comme le Diable, qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, -si elles sont des anges, c’est comme lui, – la tête en bas, le… reste en haut ! {quatrième de couverture}
Dans ce livre, recueil de six nouvelles plus ou moins longues, Barbey d’Aurevilly nous parle de toutes ces femmes aux multiples facettes, pouvant être froides, méprisantes, impassibles, comédiennes, vengeresses, cruelles, manipulatrices, même démoniaques, au choix… Tout en étant d’un autre côté fougueuses, maladroites, amoureuses, passionnées… au choix… Ici les femmes sont les dominantes, celles qui ont le dernier mot, et les hommes sont les pauvres victimes d’un ensorcellement, d’un pouvoir magnétique de la femme, comme la mante religieuse. Ce qui n’empêche pas de trouver aussi des hommes cruels, meurtriers, vengeurs. De la simple vengeance au meurtre, à la folie, où sont les limites ? Des souvenirs parfois glaçants pour ces hommes qui en ont croisées, dans l’admiration pour certains.
Ici le narrateur est toujours le témoin d’une histoire qu’on le lui a racontée et le retranscrit au lecteur. Nous sommes au 19ième siècle et l’on y croise donc l’aristocratie, les dandies, les prostituées, l’adultère… Barbey d’Aurevilly est un très bon conteur, sait nous tenir en haleine et nous surprendre. Il a fait le choix de traîner en longueur, faut-il encore l’apprécier. Pour ma part j’ai senti parfois que c’était trop, trop de bavardages qui peuvent me lasser. Mais c’est une époque et on le lit comme tel. Entre Le rideau cramoisi, Le plus bel amour de Don Juan, Le bonheur dans le crime, Le dessous de carte d’une partie de Whist, A un dîner d’athées et La vengeance d’une femme, ma préférence se porte sur Le plus bel amour de Don Juan pour la description de cette femme et cette fille où là le faux-semblant est à son paroxysme ainsi que la perfidie, comme beaucoup dans ce recueil, mais j’ai aimé ces portraits. Je dois dire que Le bonheur dans le crime m’a séduite aussi par l’aplomb de cette autre femme et l’effacement dont elle a pu faire preuve.
Des portraits brossés avec un talent littéraire indéniable, savoureux, de l’ironie (et ça j’adore !) d’une psychologie très juste mais paradoxalement assez caricaturale, ce qui est sans doute voulu. Il met en exergue les possibilités sans limites de la partie sombre des êtres, surtout des femmes évidemment, Les Diaboliques, et de l’amour sous toutes ses formes, du plus perfide au plus meurtrier et écoeurant. Des descriptions très longues, mais qui permet d’avoir des personnages fouillées autant physiquement que moralement et psychologiquement. Des énigmes, des questions en suspens. J’ai adoré ces histoires mais cela ne peut être un coup de coeur car l’approche par le bavardage n’est pas dans ce que je préfère. C’est difficile à définir, j’ai aimé sans être totalement charmée, charmée par les mots, l’histoire mais pas par l’esprit « bavard ».
Une lecture commune avec Minou, Denis, Chroniques littéraires, L’oeil qui fume, Aaliz.
Et merci à toi Minou de m’avoir fait sortir ce livre de ma PAL !
Citations :
« Lui, il eut, ce soir-là, la volupté repue, souveraine, nonchalante, dégustatrice du confesseur de nonnes et du sultan. Assis comme un roi – comme le maître – au milieu de la table, en face de la comtesse de Chiffrevas, dans ce boudoir fleur de pêcher ou de… péché (on n’a jamais bien su l’orthographe de la couleur de ce boudoir), le comte de Ravila embrassait de ses yeux, bleu d’enfer, que tant de pauvres créatures avaient pris pour le bleu du ciel, ce cercle rayonnant de douze femmes, mises avec génie, et qui, à cette table, chargée de cristaux, de bougies allumées et de fleurs, étalaient, depuis le vermillon de la rose ouverte jusqu’à l’or adouci de la grappe ambrée, toutes les nuances de la maturité. »
« Elle avait les cheveux de la Nuit, – reprit Ravila, – mais sur le visage de l’Aurore, car son visage resplendissait de cette fraîcheur incarnadine, éblouissante et rare, qui avait résisté à tout dans cette vie nocturne de Paris dont elle vivait depuis des années, et qui brûle tant de roses à la flamme de ses candélabres. Il semblait que les siennes s’y fussent seulement embrasées, tant sur ses joues et sur ses lèvres le carmin en était presque lumineux ! »
« Elle ne voyait, elle, dans la rigidité de cette lèvre étroite et meurtrière, que le fil d’acier sur lequel dansait incessamment la flèche barbelée de l’épigramme. Des yeux pers (car la comtesse portait de sinople, étincelé d’or, dans son regard comme dans ses armes) couronnaient, comme deux étoiles fixes, ce visage sans le réchauffer. Ces deux émeraudes, striées de jaune, enchâssées sous les sourcils blonds et fades de ce front busqué, étaient aussi froides que si on les avait retirées du ventre et du frai du poisson de Polycrate. »
Biographie : Jules Barbey d’Aurevilly (Saint-Sauveur-le-Vicomte, en Normandie, 2 novembre 1808 – Paris, 23 avril 1889) est un écrivain français. Surnommé le « Connétable des lettres », il a contribué à animer la vie littéraire française de la seconde moitié du xixe siècle. Il a été à la fois romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, journaliste, dandy, et polémiste. La suite ICI.
Pour suivre mes lectures communes c’est ici :
très bel article sur un auteur certes bavard mais bien imprégné des mœurs de son temps et très critique
Oui c’est tout à fait juste Denis 😉
Bonne soirée bises
Très bonne critique de ce livre d’un autre siècle. De toute évidence le « commérage » était couru en ce temps là et l’auteur ‘y adonne. Il reste que des « diaboliques » se retrouvent à toutes les époques. 😀 bonne soirée Laure Bisous
Oh oui les diaboliques sont partout 😆
Bonne soirée Paulette et merci 🙂 bisous
Très bel article 😀
Bonne soirée…
Bisous.
Merci 🙂
Bonne soirée aussi bisous 😉
Je n’avais pas rapproché le ton des nouvelles du commérage, mais ça m’éclaire un peu plus sur mon appréciation de ces nouvelles : j’adore les ragots et les « cancans ». Je suis contente d’avoir sorti ce recueil de ma PAL grâce à toi, c’est vraiment un énorme coup de cœur pour moi. Ton article est très réussi et complet. 🙂
Oui c’est le ressenti que j’ai eu mais c’est personnel au final surement 🙂
Je suis très contente que ce soit un coup de coeur pour toi !! Et merci à toi de m’avoir proposé cette lecture 😉
Bisous et belle soirée ma Minou 😀
Bravo pour ton billet qui donne envie de lire Barbey d’Aurevilly tu as finalement trouvé le temps de le rédiger. J’ai lu ce recueil ainsi que d’autres oeuvres de cet écrivain, je me rappelle que j’avais aimé mais je ne me souviens plus du tout de quoi ça parle. Tu en as d’autres dans ta PAL ?
Merci Bianca 🙂 Oui je l’ai fait après avoir couché les enfants. Non je n’avais que celui-ci dans ma PAL et c’était le premier que je lisais de lui 😉
Apparemment, tu as plus apprécié que Miss Chroniques Littéraires ^^ j’avoue que pour ma part, je préfère passer mon tour (il y a trop d’autres oeuvres à découvrir ^^)
très bonne idée en tout cas cette LC 🙂
Oui je l’ai plus apprécié c’est certain mais je comprends tout à fait son sontiment 😉
Bises Yuko et bonne journée 😀
J’avais adoré cette lecture, les histoires m’ont beaucoup plu et le style tout autant ! Je n’y avais pas trouvé un ton de commère ^^ mais cela date, peut-être que si je le relisais maintenant j’aurais la même impression que toi. Bonne journée, bisous !
Eh bien le narrateur raconte une histoire qu’on le lui a racontée et fait beaucoup de paranthèses pour expliquer telles ou telles choses sur la personne. En gros il raconte tout de large et en travers, pour moi c’est du commérage 😀 😀 hihi Je n’aime pas les cancans, c’est sans doute pour ça que ça m’a sauté aux yeux 🙂
Mais c’est une bonne lecture 😉
Bisous et bonne journée 😀
J’ai rectifié par bavardage ce sera plus juste 😉
Tu as bien fait ! Il faut se recadrer dans le contexte de l’époque où a été écrit un livre et tu peux trouver qu’il y a beaucoup de « bavardage », c’est ton droit mais « commérage » est encore autre chose, à mon humble avis !!! 😆 Pas toujours facile avec les classiques ! Bises 😀
Oui je connaissais le contexte d’ailleurs, c’est pour ça que malgré tout j’ai apprécié ma lecture car j’ai pris en considération cet élément. Merci 🙂 Je préfère rectifier quand je vois qu’au final ce n’était pas le terme le mieux approprié 😉
Jamais lu et pourtant ce classique me paraît si familier !
Beau billet
Oh je pense que tu devrais le lire, il me semble que tu te régalerais 😉 Mais je me trompe peut-être…
Bonne journée Syl bises
Un auteur à découvrir pour ma part car je ne connais pas mais je vais sans doute y remédier. Bonne journée Laure, bises.
Oui son talent est indéniable comme je l’ai souligné. Hâte de voir ce que tu en auras pensé 😉 bises
Tu as remarqué que « diaboliques » s’écrivait de la même façon au féminin et au masculin ? 😉 C’est un petit chef-d’oeuvre que ce livre ! Je l’ai lu au lycée puis j’ai vu le film (un classique) mais justement, je ne suis pas certaine de vouloir le relire maintenant, je préfère en garder un bon souvenir !!! 😆 Le ton « cancan » que tu lui reproches est dû au fait qu’à cette époque tout se passait dans les salons (littéraires ou autres) des gens les plus en vue. Ce n’est pas du commérage, il rapporte les faits : les portables n’existaient pas, heureusement qu’il y avait des dandys-écrivains pour nous dire ce qui se passait en coulisses !!! Hi ! 😀
Oui on va dire que c’est plus du barvadage que du commérage, mon mot était peut-être mal choisi, mais j’ai mis celui-là car c’est le sentiment que cela me donne. C’est vrai que les bavardages sur autrui n’est pas mon fort, mais bon 😀 Je vais modifier pour bavard, ce sera plus exact 🙂 Trop de bavardage pour moi est lassant au bout d’un moment mais j’ai quand même beaucoup aimé car le talent littéraire de Barbey est évident pour moi et c’est un régal de le lire malgré tout. Peut-être est-il plus judicieux d’intercaler des lectures entre chaques nouvelles 🙂
Et pour les Diaboliques masculin et fémini, on est bien d’accord 😀 😉
Joli billet pour un recueil que je dois lire avec Marie. Pas encore de date prévue mais notre LC se fera dans l’année…
J’espère qu’il te plaira Jérôme, j’attends de lire ton article 🙂
Bonne journée bises
J’ai vraiment hâte de le lire et bien plus encore depuis que j’ai lu ton billet. J’ai jeté un oeil c’est vrai que les descriptions ont l’air longues, on verra si j’aime le style. Je le lirai après mes exams.
Oui il y a des longeurs mais c’est formidablement écrit je trouve. Tu me diras si tu l’as aimé et je suis ravie que mon billet puisse te donner envie 😉
Bonne journée !
C’est un très bel article motivant comme celui de Minou d’ailleurs : vous trichez, les filles !
Non non maîtresse ! c’est promis on n’a pas triché !! 😀
Merci Phili 😉
bisous et bonne soirée
Voilà un classique que j’aimerais relire à l’occasion. Pas apprécié la première fois. J’étais sans doute trop jeune.
Bisous Laure !
Le style littéraire est un délice en tout cas 😉
Bisous à toi et belle soirée ! 😀