Un envol
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Cent fois elle se l’était dit. Elle détestait la promiscuité, c’est pourquoi elle avait préféré fuir à la campagne. Elle avait certes un voisinage, mais les maisons étaient suffisamment éloignées pour qu’elle puisse apprécier sa pleine solitude. Sa maison était son empyrée et chaque nuit elle s’allongeait dans le jardin pour contempler pendant des heures les étoiles qui composaient son immensité. Il n’y avait aucune limite de temps et de profondeur dans cette plongée céleste et elle croquait à pleines dents son péché de jouissance. Là, dans sa chair, frissonnait le plaisir de son enchantement. Elle était cette étoile qui brille dans un vacillement de nuances la nuit.
Ce désir d’éloignement et d’abandon lui était venu brusquement, sur un coup de tête, mais après des années de douleur et de tristesse. Une pulsion vitale qu’elle n’avait pu réprimer. Une évidence. Un soulagement. Sa vie était devenue une prison pour elle. Elle n’avait pas le sentiment de sérénité et d’accomplissement qu’elle aurait souhaité, bien qu’elle eut fondé une famille. Son éducation l’avait guidée, ou plutôt obligée, à suivre un schéma familial, et elle avait sombré dans le plus des déséspérants vices. Plus de tenues correctes exigées par la politique familiale dès lors qu’elle était chez elle, tard le soir, dans son habit grisé. L’alcool. Elle s’évadait alors dans son monde fait d’étoiles et de rêves, le souffle du renouveau, dans une autre vie qu’elle s’imaginait. Loin. Loin. Elle voulait aller loin. Et elle partait loin ! Jusqu’à même risquer de ne plus revenir…
Lasse des cures, lasse du regard pesant de son mari, lasse de voir la détresse dans les yeux de ses enfants, lasse des fausses politesses, elle était partie. Sans un mot, sans prévenir. Fuir et ne jamais revenir. Et c’est seulement après de longues années de voyages, d’un divorce compliqué, qu’elle avait pris cette petite maison campagnarde. Ses enfants lui manquaient. Mais la vie qu’elle avait maintenant lui apportait plus que ce qu’elle avait espéré avec eux. Elle en souffrait mais elle ne pouvait ignorer cette évidence… Honteuse mais inévitable, et la sève de sa vie.
Elle ne noyait plus son chagrin dans l’alcool,
Elle était comme l’oiseau qui s’envole,
Légère comme une plume dans le ciel,
Virevoltant et portée par ses ailes,
Un souffle serein embrassant sa joue,
Et touchant des doigts ce rêve fou,
Ce rêve d’enfin vivre en aimant la vie
Ce rêve d’enfin vivre jusqu’au bout sa vie.
Seule à jamais au fin fond des temps
Liée à jamais par les liens du sang.
Ceci est ma participation à la centième du jeu d’écriture proposé par Olivia Des mots, une histoire. Les mots récoltés : désir, pulsion, résister, prison, promiscuité, voisinage, désespérant, politique, correct, politesse, éducation, limite, frissonner, chair, croquer, pécher, jardin, empyrée.
Il y avait une consigne supplémentaire qui était de commencer le texte par Cent et de le terminer par Sang.
Comme d’habitude c’est très beau, sensible et émouvant, bravo à toi et merci de partager ces jolis textes avec nous. Bonne journée et gros bisous ma Laure
C’est gentil ma BIanca merci, ça me touche vraiment beaucoup 🙂 Je viens de faire une correction, j’avais oublié la consigne supplémentaire que j’ai expliquée en fin de texte 😉 Bonne journée bisous bisous 😀
J’ai d’abord cru à une critique de livre, me disant que j’avais de plus en plus envie de connaître le cheminement de cette femme …et j’ai vu que tu étais l’auteure de ce texte finement ciselé et superbement imaginé sur le plan psychologique. Je le savais mais » un envol » le confirme : tu as un talent fou Laure ! Belle journée Bises
Rho mais tu me fais rougir Paulette 😳 Je n’imagine même pas avoir le talent dont tu parles mais tant mieux si mes textes te plaisent autant, ça me touche beuacoup merci 🙂 J’avais oublié la consigne dont je parle en fin de texte, je l’ai ajouté 😉
Bonne journée bisous Paulette 😀
[…] Mélanie, Pierrot Bâton, laracinedesmots, Jean-Charles, patchcath, Ceriat, lilou, Asphodèle, Laure. Les retardataires peuvent laisser leur lien en commentaire, […]
ah tu m’as emmenée !!!!!!!!!!!!! c’est génial.Belle histoire et le poème !! La cerise sur le gateau !! super !! Merci pour ce partage !
Ah !! Je suis ravie de cet enthousiasme et que cela t’ait plu ! Merci Ghislaine 🙂
Bonne journée bises
J’ai un atelier d’écriture ici si le coeur t’en dit !!!!!!!!!!
http://egedane06.wordpress.com
Merci pour le lien. Je le note 😀 Pour l’instant je ne peux pas m’y engager, j’ai déjà du mal à faire toutes les semaines celui d’Olivia car je lis pas mal et tout concilier n’est pas évident. Mais c’est très gentil à toi et peut-être plus tard 😉
Un jolil texte tout en sensibilité.
Merci Olivia 🙂
On s’identifie bien à cette femme malheureuse et ça c’est un bon point ! Bravo Laure, j’avais lu le début de la news ce matin et j’avais vu que tu n’avais pas respecté la consigne, c’est bien que je sois venue plus tard !!! 😆
Merci 😉
Oui j’ai fait mon texte en quatrième vitesse hier soir et quand je suis allée chez Olivia ce matin je me suis rendue compte de mon oubli 😀 C’est bon je n’ai pas eu de mal à les insérer 😀
Bonne journée biiiises
La photo est très belle et illustre bien ton texte ! bravo. Belle journée.
Merci Béa et bonne journée à toi 🙂 Bises
Très beau texte, merci pour ce moment de poésie
Merci à toi Emma pour tes mots 😉 bonne soirée !
Excellent miss !
Le désir de solitude est parfois très prégnant mais s’y risquer est parfois difficile.
Certains sont faits pour ça. D’autres ne la supportent pas et en dépriment d’ailleurs. Le pire c’est quand on a ou pas quelque chose qu’on n’a pas souhaité 🙂
Merci 😀 bisous Jean-Charles
Laure, ton texte est magnifique, sensible, tout en finesse et en poésie ! Toi, il faut absolument que tu écrives un livre… 😀 Bisous !
Merci Heide 😀 Euh… le livre… ce sera pas pour l’instant hihi 😀
Bisous et bonne soirée 😉
Un bel éloge de la fuite,de l’ailleurs,de l’utopie peut-être.Bravo Laure.
Merci 🙂
Bonne soirée bises 😀
Tout en sensibilité ! C’est joli l’illustration… c’est de toi ?
Merci 😉
Non j’ai mis le nom en dessous, trouvé sur Deviantart 🙂
C’est très beau et ça révèle une grande sensibilité ! Tu ne voudrais pas écrire un texte plus long ?
Merci Cristie 😉 Plus long… Si seulement j’avais le temps ! 😀
C’est pas pour dire mais il y a des écrivains qui ont pignon sur rue qui ne t’arrive pas à la cheville…Et quelle belle image…
Je ne vais plus oser écrire…
avec le sourire
Rho mais tu me fais vraiment rougir !!! Je n’ai pourtant pas le sentiment d’avoir une écriture qui mérite tant d’éloges 😀 Merci beaucoup en tout cas, ça me fait vraiment plaisir 😀
Bisous Lilou et belle soirée 🙂
Encore une fois un très beau texte Laure :0) Fuir et se retrouver soi même est un thème qui j’aime beaucoup utiliser aussi !! La liberté est un vaste sujet et une tentation inaccessible !! Bon dimanche Laure, gros bisous
Merci L’or 😉
Oui c’est tout à fait juste 🙂 Bonne soirée et gros bisous 😀
Superbe, j’adore ! 😀
Merci Cériat 😀
Un super-beau texte.
Merci 🙂
Bises et bonne journée 😀
Quel magnifique texte… Tu m’as moi aussi emportée dans l’histoire de cette femme et surtout dans ta sensibilité. Bravo, vraiment.
Je vais transmettre le lien vers ton blog et surtout vers cet article à une amie à laquelle tu m’as fait penser : elle écrit elle aussi, et je retrouve une sensibilité littéraire et poétique commune en vous deux. Je suis quasi sure qu’elle aimera tes textes.
Je suis vraiment touchée par ton commentaire d’autant que je ne le trouve vraiment pas terrible…
Ah oui ? Elle a un blog elle aussi ?
Bonne soirée Minou et gros bisous 😀
Oui, elle a un blog, le voici : http://eleonorecotton.wordpress.com/ Elle y écrit diverses choses, surtout des articles sur des auteurs ces derniers temps, mais tu peux trouver une petite partie de ses poèmes grâce au menu. J’espère ne pas m’être trompée et que tu aimeras ses textes. 🙂 Je ne lui ai pas encore transmis le lien vers le tien, d’ailleurs…
Bonne journée, Laure ! Gros bisous.