Edith Azam et Louis Lafabrié – Du savon dans la bouche
ByIl est des mots qui rêvent d’être nommés et d’être dits. Certains dormaient depuis longtemps dans des cartons. D’autres sont nés sous l’impulsion d’une consigne joyeusement donnée et scrupuleusement exécutée. Tous dont un mouvement de l’écriture, un mouvement de l’écriture-corps. Ce livre est chairs d’écrire. Il est le prolongement d’une rencontre vive, il y a plus de six ans, d’une amitié sans faille et d’un projet commun né l’hiver dernier dans la préparation du festival de Lodève. Quelle est la voix de l’un, quelle est la voix de l’autre ? Louis Lafabrié.
Un recueil écrit à deux voix, deux auteurs, que j’ai beaucoup aimés. Les mots sont là pour dire, pour chanter, pour crier, pour pleurer, pour aimer, pour déchirer, se déchirer, pour, pour, pour… Pour exprimer différents sentiments, différents souvenirs, différents ressentis…. Pour exprimer la vie. Des répétitions, des jeux de mots, des jeux entre eux. Ce n’est vraiment pas facile de parler de ce recueil poétique riche, très riche. Des mots forts, des mots percutants, des mots qui résonnent, qui font écho, qui hantent. Certains poèmes sonnent comme des slams. Certains plus poétiques, d’autres plus « écorchés ».
Si j’ai souhaité lire ce livre proposé par la masse critique de Babelio, c’est parce que j’ai vu une vidéo de Edith Azam qui lisait un extrait d’un de ses livres Dimanche m’a cigüe. Ses mots m’ont retournée, sa lecture m’a émue aux larmes, sa sensibilité, ce don de soi, cette mise à nu, sa sincérité… Pour que vous vous en rendiez compte je vous mets l’extrait.
Ces deux minutes quatorze ont été pour moi d’une grande intensité et le recueil que je vous présente aujourd’hui est à la hauteur de la charge émotionnelle de la vidéo. Deux amis qui partagent leur chant des mots, qui font danser les mots, qui les élèvent à leur pureté, leur intimité, leur résonance, leur souffrance. La seule chose que je peux vous dire, c’est Lisez-le !
Premier extrait :
La nuit n’est pas si noire
Mais elle est votre nuit.
Le coeur dans ses fêlures ?
Pulsif :
Compulsif.
L’écart est :
une opération.
Poser cela
retenir ça.
Mais rien ne tient
rien ne se pose.
Allumer la radio :
Les voix
ne remplissent pas le vide.
tout file sauf l’angoisse
qui vous perce le front.
Si la mort vient à point
qu’y pouvez-vous ?
Laissez venir.
Deuxième extrait :
Ventre…
Et lui
qui se serre se serre
pour ne plus rien dire
et qui ne peut pas
et qui ne sait
qui est trop petit
et son cri
lui
qui le cache
le terre dans son ventre
le cri imprononçable
du carcan de l’enfance
tout petit tout petit
c’est tout petit la vie…
Ventre…
Toujours l’enfant à naître.
Ventre
et trouver sa parole
et trouver l’autre en soi
le tunnel à ouvrir
pour la petite petite
pour la petite vie.
Prononcer des paroles
trouver des mots pour soi
des mots pour la mémoire.
Ventre…
Avoir peur de son :
ventre.
Mais tout de même
un jour
un jour oser son cri
et sa petite petite
et sa petite vie.
Un très très grand merci à Babelio et aux Editions Atelier de l’agneau pour ce merveilleux recueil !
Biographies : Édith Azam est une jeune poétesse sonore française née en 1973. L’écriture du corps pour ces deux auteurs de la « scène poétique ». Louis Lafabrié n’a jamais publié avant ce « duo ». Ils profèrent tous deux leurs textes en public et ce livre est le résultat d’une rencontre vraie.
Je n’ai pas du tout entendu parler de cet ouvrage mais ton avis me donne très envie de le découvrir…Je le note !
Les mots sont forts ! J’ai vraiment adoré 😀
J’ai rencontré cette auteure au lycée : pendant ses trois années, elle venait nous voir pour des lectures, des ateliers d’écriture. Un réelle coup de coeur et une découverte de la poésie. Elle est brillante et touchante.
Merci pour ton billet !
C’est ce qui se dégage de la vidéo. Coup de coeur déjà en l’écoutant sur la vidéo. J’ai d’ailleurs le livre Dimanche m’a cigüe que j’ai hâte de découvrir 🙂
Avec grand plaisir 😀
Jolie découverte que tu me fais faire ! 🙂 Je n’ai commencé à aimer la poésie qu’après avoir entendu des professeurs de théâtre venir les « interpréter » et là j’ai accroché de suite. Pour moi la poésie est intimement liée à la chaleur de la voix ! Bel après midi Bisous Laure
Le fait que je l’ai écoutée lire l’extrait de son livre m’a aidée à lire les poèmes car la façon de les lire est je pense essentielle à la compréhension (même si ils sont deux à en avoir écrits). Bien marquer les temps de pose des retours à la ligne, bien prendre la mesure de différentes choses…
C’est de la poésie contemporaine et j’ai vraiment beaucoup aimé 😀
Bisous Paulette 🙂
Je ne connais pas cette auteure ! tu as fait un bel article, bises Laure.
Merci Béa 🙂 Bises !
J’aime la poésie, pourquoi pas sur le rythme slam comme elle le fait mais je ne trouve pas d’écho dans ses mots, juste un rythme qu’elle maîtrise, c’est sûr mais on en oublie ce qu’elle dit ! Ou peut-être n’y suis-je pas sensible ? 😦 Et puis je sors d’un livre si fort que tout me semble fade et creux à côté, ça va passer !!! 😆 Bises Laure ! 😀
Ce qu’elle lit n’est pas le recueil de poésie que je présente, c’est un extrait de son roman Dimanche m’a cigüe, comme je l’ai indiqué. Pour les poèmes j’ai mis deux extraits écrits 😉
Après tu peux très bien ne pas y être sensible ou aussi être encore trop imprégnée et bercée par le livre que tu viens de lire c’est certain 😉
Le recueil est beau et diversifié car ils sont deux à avoir écrit des poèmes 🙂 On sent la différence, on sent qu’ils ne sont pas tous de la même personne 😉
Biiises 😉
Les deux extraits que tu as mis sont très beaux. A petite dose, la poésie me convient, surtout si elle est en prose et totalement libre.
Ce n’était pas facile à choisir car différents thèmes sont abordés. Ce n’est donc pas évident de savoir ce qui pourra toucher les personnes qui liront l’article et surtout en plus il faut bien choisir entre tous 😀 Sans en mettre non plus des trop longs.
J’espère que tu la découvriras (avec Louis Lafabrié bien sûr)
Bonne journée ! bises
Je découvre, j’aime la poésie, j’aime les mots et le jeu que l’on peut en faire… Jolie découverte! Laure un grand merci pour ta carte Zen superbe et les mots qui l’accompagnent me touchent au oeur, bisous!
Oui c’est fabuleux ce jeu avec les mots, c’est tout à fait ça 🙂
Ave plaisir Catherine et plein de gros bisous ♥ Belle journée !
On sort de nos chemins et parfois ça fait du bien. Comme Jérôme… à petites doses. On ne peut rester insensible.
Je ne pense pas pouvoir lire que de la poésie car c’est un état d’esprit et je suis tout de même plus sur les romans actuellement. Mais ça fait du bien aussi et c’est tellement chargé en émotions et personnel que c’est beau. (de manière générale)
Bonne journée Syl (et je t’attends pour le thé à la maison j’ai tout ce qu’il faut sauf les muffins ou gourmandises hihi) Bises
Je ne connais pas du tout et c’est clair que tu es très tentante… Toute les formes de poésie ne me touchent pas, faut voir si celle ci ferait partie de ce que j’aime… Bises et bonne journée Laure
Oui il faut tenter pour savoir. La poésie ce n’est pas facile à conseiller. J’ai beaucoup aimé ce recueil, vraiment 😀
Bisous et belle journée ma L’or 😉
Comme tu le sais déjà, je ne connais pas du tout la poésie contemporaine mais j’ai tellement faim de romans que je ne préfère pas noter pour le moment, je ne l’apprécierais pas, ce qui serait dommage ! Belle journée ma Laure, ici sous un soleil radieux et gros bisous à toi ♥
Oui il faut en avoir envie et suivre ses envies du moment 😉
Des gros bisous 😀 Et ça fait vraiment du bien des journées belles comme aujourd’hui 😀
♥
Je n’ai pas été touché par ses mots dans la vidéo mais par les extraits que tu proposes, surtout le premier…J’aime l’idée d’une poésie abordable et moderne parce que je t’avoue que je n’arrive pas à lire de poésies en général…
Dans la vidéo c’est un extrait d’un roman qui, à mon avis, est hyper fort en émotions et en sincérité c’est pour cela que je l’ai acheté. Voici la quatrième : « La narratrice attend. Elle attend, elle redoute une nouvelle qu’on doit lui annoncer au téléphone. Une mort. Celle d’une grand-mère bien aimée. Elle se souvient, elle évoque des souvenirs d’enfance bien sûr, mais pas seulement. Elle se rappelle les histoires que lui racontait cette grand-mère lorsqu’elle était enfant. Elle se rappelle des moments, des gestes, des paroles, des sentiments. Elle souffre, elle a peur, et puis finalement le téléphone sonne, comme il était prévu. Chaque phrase de ce texte atteint un degré inouï d’intensité et de douleur, de colère contre l’inéluctable. On se dit que non, cela ne peut durer ainsi, à ce niveau tout un livre. Et pourtant si, Édith Azam arrive à fouiller suffisamment profondément en elle pour y trouver un gisement de souffrance qui semble inépuisable ainsi que les mots, toujours nouveaux, pour le traduire. »
Mais je comprends qu’on puisse ne pas être touché, on a tous une sensibilité, un vécu ou autres, différents.
Les poèmes ici sont forts et variés car ils sont deux à en écrire. Et j’aime cette poésie contemporaine 🙂
Bizarrement, je n’achète jamais spontanément de poésie, tu fais bien de me faire une piqûre de rappel::
Ben en fait je ne savais pas que c’était un recueil. C’est le seul livre que j’ai demandé pour la masse critique et je suis très contente que s’en soit un 😀 J’ai acheté son roman aussi 😉 Des bisous ♥
Je ne connais pas du tout, mais à vrai dire, la poésie n’est pas mon domaine de prédilection…
Merci pour ce partage, c’est beau, ça bouscule, ça émeut. J’aime beaucoup.