Simonetta Greggio – Col de l’Ange (coup de coeur)

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le col de l'ange

Quatrième de couverture :

Quand tu étais petite fille, on t’appelait Nine, puis à un moment donné, pour tout le monde, tu as été Blue : la couleur du ciel dans la tête des gens, et le blues, la musique et la mélancolie. Tu étais un poulet rôti, une escarbille. Tu as fleuri d’un coup. Tu es devenue une femme, la plus belle. Tu t’es transformée sous les yeux de Marcus. Avant, il pouvait te manger la joue d’un baiser, sans arrière-pensées. Ensuite, il n’a rien désiré autant qu’entourer tes chevilles de ses deux doigts, tes poignets de son coeur en lanières, et ta taille d’un noeud de pendu.

Mon avis :

117 pages de pur bonheur, ce livre est un énorme coup de coeur pour moi. Dès les premières lignes j’ai tout de suite été happée, je n’ai pu quitter ce livre avant d’avoir lu la dernière ligne. Un soir, une lecture, c’était hier soir. Après une courte réflexion sur la disparition fugace des personnes qui réapparaissent ou non, qui meurent ou non, dont on ne sait plus rien pour un nombre, l’histoire commence, racontée à la première personne par cet homme décédé :« Je suis mort depuis dix-sept jours et autant de nuits, dont une pleine de lune. Abattu en plein vol, je suis resté figé un instant, puis je suis tombé. Il ne me reste rien, que des nerfs à vif et l’avidité d’un souffle qui s’épuise. Je ne suis qu’une ombre claire, un plis sombre. Un feulement de  colère, une frustration. »

Il va suivre sa « presque jumelle » Blue, en tout cas de coeur, dans la recherche de ce « frère » avec lequel elle vit.  Ils ont été élevés chacun dans leur maison mais ensemble, nés le même jour, parcourant les chemins de l’enfance main dans la main. Il a disparu depuis quelque jours sans rien amené, en laissant derrière lui Blue mais aussi Ami son amant du moment, « une pute » qu’il aime et que lui aime en retour. Il nous raconte un peu sa vie, ses aventures, ses bonheurs et ses blessures. Blue décide alors de partir retrouver sa maison d’enfance, de là où elle a fugué plusieurs années en arrière avec lui, pour y retrouver Marcus, le frère aîné de son ami, afin de peut-être y trouver des réponses, son dernier espoir de savoir… Maison où il y reste pour elle d’âpres souvenirs, de douleurs mais aussi d’amour et de joies immenses.

Ce livre représente à lui seul tout l’amour, l’amour pur de deux frère et soeur de coeur, l’amour complice et tendre puis ravageur et destructeur d’un père pour sa fille, l’amour fraternel entre deux frères, l’amour vierge et passionnel d’un adolescent puis homme pour cette étoile tombée du ciel. Il est la nostalgie, la mélancolie, le bonheur, l’innocence, la douleur, la vie. Dans une écriture magnifique, Simonetta Greggio nous emmène dans leurs souvenirs d’enfance, nous transporte avec sa poésie sur une vague d’émotions et de sentiments. C’est fort, c’est beau, c’est émouvant. De plus elle parvient à nous tenir par tous les secrets dévoilés peu à peu et par la grande question autour de la disparition de cet homme. Cet ouvrage est captivant, d’une grande sensibilité, d’une écriture merveilleuse, poétique et limpide. « Traquer la grâce, partout où elle se trouve, surtout entre les lignes » L’express. C’est ça Simonetta Greggio.

Je vous le conseille fortement !

coup de coeur

Quelques extraits :

« Il n’est pas assez généreux ni assez clairvoyant pour savoir que plus on aime, plus on est capable d’aimer et plus le coeur s’ouvre pour contenir tout ce que l’amour compte de genres, de types, de manières d’aimer. »‘

« Tu rêves de moi. Un rêve confus où je me penche sur toi. J’embrasse tes yeux, tes cils d’où perlent de grosses larmes. Les rêves sont cruels, ils sont entiers dans l’amour comme dans la haine, dans la terreur, la tendresse ou l’horreur. Quand tu te réveilles, je te manque à tel point que tu en sanglotes de rage et de douleur, d’une souffrance si cristalline qu’elle en est presque exquise. »

« Lorsqu’on souhaite à un nouveau-né une longue et bonne vie, il  faudrait par la même occasion lui souhaiter une douce mort, une fin sereine. La mort est aussi importante que la vie. Cette hypocrisie, ce manque de clairvoyance, me frappent plus que jamais. »

« Tu lui manques, pourtant il ne t’a jamais eue. Juste serrée l’espace d’un instant. Effleurée. Mais tu as tatoué son coeur, tu l’as barré de ton nom, tu l’as verrouillé. Un amour non vécu n’est pas un amour perdu. C’est un amour qui vous perd, qui vous possède plus que vous n’en êtes dépossédé. »

Biographie :

Simonetta Greggio, née le 21 avril 1961 à Padoue en Italie, est une romancière italienne qui écrit en français. Elle  fait ses études à la Faculté des lettres de Venise. Arrivée à Paris en 1981, où elle vit depuis, elle a été journaliste pendant plusieurs années, collaborant à des revues et magazines divers dont City, Télérama, La Repubblica, Figaro Madame… Et pour en savoir davantage c’est ICI.

J’inscris cette lecture dans les challenges suivants : Challenge petit Bac chez Enna pour le Lieu et le challenge Littérature francophone d’ailleurs chez Denis.

petitbac2013

LittFrancophone