Linda Lê – Lame de fond
ByAvant tout, je souhaite remercier Babelio pour leur confiance dans le cadre de l’opération Masse critique, ainsi que les Editions Thélème pour l’envoi de ce livre audio.
Je n’ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j’ai toute latitude à soliloquer. Depuis que le couvercle s’est refermé sur moi, je n’ai qu’une envie : me justifier, définir mon rôle dans les évènements survenus, donner quelques clés pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui n’est qu’un fait divers. Je n’ai pas un penchant au regret, mais il me faut faire mon examen de conscience, si inutile qu’il soit désormais. {quatrième de couverture}
Ce livre est découpé en quatre parties, Au coeur de la nuit, Aube, Midi et Crépuscule. Dans chacune des parties interviennent tour à tour Van, Lou, Ulma et Laure. Un roman polyphonique a quatre voix, où l’un nous parle d’outre-tombe, l’une nous fait sa confession, l’autre simule une discussion avec son psychologue, et la dernière se confie à son journal, le tout en soliloques. L’auteure adapte son écriture à la façon de parler de chacun des intervenants, ce qui apporte de la nuance et du relief.
C’est Van qui débute ce récit et tout de suite nous apprenons qu’il est mort (début original !). Il est vietnamien et est parti en France, sa mère se sacrifiant pour lui ne voulant pas qu’il évolue dans un pays en guerre, vivant désormais seule dans la misère. Il a donc échappé aux boat people et à tout ce qui compose une guerre. Son père, lui, était parti rallier le Parti d’Hô Chi Minh lorsque Van était encore tout petit. A Paris, fin lettré, il est devenu correcteur, bercé depuis toujours par la passion de sa mère francophile, elle était interprète au consulat de France. Il profitera de ce soliloque pour nous parler de son passé, de qui il est, de comment il a évolué, de ses regrets, de sa femme Lou et de leurs rapports, de sa fille Laure et leur relation parfois conflictuelle, ainsi que d’Ulma… sa maîtresse. Lou, Laure et Ulma en feront de même.
On apprendra alors que Lou a eu une enfance un peu difficile avec des frères qui ne cessaient de lui faire porter le chapeau, une mère dure avec elle et un père aimant mais qui n’avait pas trop son mot à dire. Lou est une femme un peu coincée, qui aime son mari et sachant très bien qu’il joue au Don Juan, mais là où le bât blesse, c’est qu’il n’avait jamais été jusqu’à avoir une maîtresse. Tout a changé quand Ulma est entré dans leur vie, tout a basculé, « il me réduisait à un rôle décoratif« . Bien que leur mariage n’était pas parfait, ils avaient appris à vivre ensemble, pour Laure, et c’était bien ainsi. Elle est devenue d’une grande jalousie, et en a perdu pied.
Ulma est l’opposé de Lou, pour tout, passionnée de littérature, aimant les voyages, eurasienne, imprévisible et cetera. Ulma a été essentiellement élevée par sa grand-mère Lily, sa mère Justine n’étant qu’une junckie irresponsable et son père, elle ne l’a pas connu. Bien que Lily n’était affectueuse, elle s’est démenée pour sa petite fille et s’est privée pour elle. Ulma s’est accommodée de ne pas être avec sa mère et de ne prendre que l’affection qu’elle lui donnait quand elle venait la voir « Les bleus à l’âme disparaissent avec le temps« , « je m’exerçais à ne pas espérer trop d’une mère à éclipses« .
Laure, une adolescente gothique, était en conflit avec son père, il ne voulait pas qu’elle fréquente son petit ami Tommy et la reprenait sans cesse sur son vocabulaire et sa façon de parler. Elle et Lou sa mère prenait toujours un malin plaisir à le taquiner. Elle parle de ses parents et regrette au final de ne pas avoir été « la courroie de transmission entre Lou et Van » (Elle n’appelait pas ses parents Papa et Maman). Mais elle se rend compte que malgré tout, il lui manque énormément, elle en est profondément touchée.
Ce roman raconte l’histoire de quatre personnes liées entre elles par une histoire et par l’Histoire. Il raconte la Lame de fond qui est venue de loin et qui a inscrit le destin de tous. Une ou des révélations étonnante(s) et destructrice(s). Car je n’ai pas parlé d’une révélation essentielle qui compose cette histoire et qui est le titre même de ce roman ! Une écriture variée selon les personnages, riche de vocabulaire (C’est même parfois de la haute voltige quand c’est Van qui raconte ! Je pense que Van c’est un peu l’auteur).Une histoire très intéressante à suivre et à lire, et qui parle de réalités difficiles, comme celle des enfances marquées par l’absence d’un père, par la guerre, comme celle de la trahison, comme celle du manque, comme celle des regrets, comme celle de l’inévitable et de l’incontrôlable. Tout le monde dans ce récit expie en quelque sorte ses fautes.
Parlons maintenant du support :
J’ai reçu, à ma grande surprise, un livre audio. Je n’avais jamais eu l’occasion de découvrir un ouvrage de cette manière. J’étais sceptique mais j’y suis allée en laissant mes craintes de côté. Mais non, je n’aime pas. Je pense que ce format est intéressant pour des personnes qui ont des difficultés de lecture ou qui ne peuvent lire, ou alors qui voyagent, ou qui prennent les transports en commun, ou qui vont faire de la marche ou du vélo, enfin que sais-je, mais en tout cas je ne suis pas dans ces personnes. Je suis chez moi, assise sur mon canapé ou dans mon lit lorsque je lis. Je dois être concentrée sinon mon esprit vagabonde tout de suite vers d’autres contrés. J’aime tenir mon livre, tourner les pages, le sentir, j’aime lire à mon rythme et j’aime le silence ! Devoir écouter quelqu’un pendant 6 heures c’est très saoulant pour moi, et de surcroît en regardant le plafond ou tout simplement devant moi… Gloups (non parce que si je commence à faire autre chose je n’écoute plus). La voix de Louis Arène que j’ai trouvée très agréable au début m’est vite sortie par les yeux (ou oreilles dans le cas présent). J’espère donc plutôt rester sur les romans papier. Je pense pourtant que c’est un mode de lecture qui doit perdurer, il est nécessaire. Mais je remercie quand même les Editions Thélème de m’avoir permise de me forger une opinion sur les livres audio.
Il est donc difficile pour moi de dire si j’ai juste apprécié ce roman, aimé ou beaucoup aimé, car la façon de le découvrir était une nouveauté, et là où j’ai pu ressentir un ennui, parfois, est peut-être et surement du au mode audio… Et je trouve le livre bien plus beau :
Encore un grand merci à Babelio et aux Editions Thélème.
Biographie : Linda Lê, née en 1963 à Đà Lạt, est une écrivaine française d’origine vietnamienne. biographie complète ici.
J’intègre cette lecture au challenge Petit Bac 2013 de Enna, dans objet pour Lame.
Le sujet est intéressant, je le note en version papier bien sûr. Je n’ai jamais essayé de livre audio et je n’ai pas l’intention de m’y mettre, comme toi je ne pense pas être le bon public pour ça
Oui rien ne vaut le bon livre papier, on est d’accord 😉
Hâte de lire ton avis 🙂
belle journée à toi Bianca bisous 😀
Moi non plus les livres audio ne me tentent pas ! Pourtant j’aime écouter Galliene le samedi soir … Le titre me tente néanmoins , il avait fait partie de mes choix de Masse Critique !
Je le lirai en version papier, mais pas maintenant 🙂 Ce n’est vraiment pas pour moi le livre audio.
Je te souhaite une belle journée ! 😀 bises
La couverture du livre papier est magnifique, les sujets abordés ont l’air intéressants (vivre avec ses regrets, l’inévitable, l’incontrolable …)
Pour le livre audio mon amie non voyante fait partie du jury audio-livre et je pense que c’est vraiment une question d’habitude, elle me disait aussi que le lecteur est essentiel au plaisir qu’elle prend à les écouter (surtout ses intonations, son « jeu d’acteur ») et que c’est une expérience différente à chaque fois. J’ai aussi essayé pour partagé cette expérience avec elle, mais comme toi je n’ai pas accroché, peut-être la nouveauté ?
Des bises Laure et belle journée.
Oui j’imagine qu’il faut sans doute s’y habituer. Mais c’est vrai que pour moi qui aime la lecture pour me retrouver dans le silence et mon petit monde, ça ne convient pas vraiment. Et je pense aussi que cela dépend énormément du lecteur. ici la voix ne m’a pas plu surtout quand il a prit tour à tour le rôle des femmes. Un ton qui m’a dérangé. Et puis je me sentais « enfermée » dans mon écoute car j’avais des écouteurs et la sensation d’être emprisonnée ne pouvant faire autre chose que d’écouter passivement, sans images, sans rien… bizarre. Mais oui il faut surement d’y habituer. Je ne souhaite cependant pas retenter l’expérience, privilégiant les livres papier.
Oui il est magnifique en papier 🙂
Bonne journée Gwen bisous ❤
Expériences intéressantes. Tout d’abord le thème original du livre : je pense que j’aimerais… Et surtout je n’avais jamais croisé quelqu’un qui avait testé le livre audio. J’avais été contactée pour enregistrer par contre mais j’ai refusé, plus aucune contrainte ! Malentendante je suis mal partie pour essayer ce type de lecture mais ton expérience rejoint ce que j’avais imaginé : on doit se fatiguer et relâcher son attention ! Merci pour ce témoignage. Bon mardi Bisous 🙂
Oui ce n’est vraiment pas pour moi ce type de lecture. C’est un réel plaisir et il y a comme une sorte de cérémonial quand on prend un livre en main pour le lire 😀
Bon mardi à toi aussi Paulette et gros bisous 😀
J’ai un livre audio à la maison et je n’ai jamais réussi à m’y mettre. Comme toi je ne sais pas trop quoi faire en écoutant, regarder devant soi ou le plafond et c’est la rêverie assurée. J’ai essayé en faisant le ménage mais ce n’était pas concluant. En tout cas j’aimerais lire ce roman, mais vraiment le lire, avec des mots imprimés et des pages à tourner ^^
Oui moi aussi j’aimerais le lire 😆 Non parce que là j’ai du mal à me faire un avis. Il y a des moments que j’ai trouvés ennuyeux et je ne peux savoir si c’est lié à l’écoute ou au roman lui-même…
Bises 😀
je l’ai reçu aussi et moins apprécié que toi. En revanche j’aime bien les livres audio pour crocheter tranquilou au lit ! et pour aller à pied au boulot aussi, j’aime beaucoup mais tout dépend du narrateur je trouve.
Je ne sais pas de quelle manière je l’ai apprécié à cause de la découverte audio… il faudrait que je le lise pour me faire un vrai avis définitif, je le ferai.
Je n’ai pas accroché avec Louis Arène 🙄
Bonne soirée ! 😀
Tant que j’y vois encore, les livres audio ne me tentent pas du tout !!! Et je suis vraiment fâchée avec Linda Lê depuis que j’ai lu « A l’enfant que je n’aurai pas », je n’ai pas DU TOUT envie de la relire, même si elle écrit très bien ! C’est personnel bien sûr…
Bises 😀
Oui je ne vois vraiment pas l’intérêt du livre audio en ce qui me concerne.
Je pense en rester sur ce roman aussi avec cette auteure, il y en a tant d’autres à découvrir, qu’elle ne passe pas du tout dans mes priorités, bien qu’effectivement son écriture soit belle.
Biiises 😀 et belle journée !
J’aime bien la richesse des romans polyphoniques lorsqu’ils sont bien écrits et tu sembles avoir apprécié cet aspect-là du livre. Quant au livre audio, écoute, je suis un peu comme toi finalement : je n’aime les écouter que dans ma voiture (car j’ai de longs trajets pour aller travailler). Pendant les vacances, j’ai essayé à la maison, dans mon lit, les yeux au plafond comme tu dis, mais je m’ennuie, mon esprit vagabonde aussi et il me manque le toucher, le plaisir de tourner les pages. Bon après-midi Laure. Bises ! 😉
Je pense que c’est un bon roman mais j’ai vraiment été perturbée par l’audio et ne peux donc que difficilement donner un avis pertinent sur mon ressenti.
Bon après-midi à toi aussi Heide bises 😀
J’ai tenté une fois l’expérience du livre audio et préfère quand même le support papier 🙂
Oui on aime les sentir, les toucher 😉 Et j’aime voir les mots 🙂
Bonne soirée Yuko 😀
Je n’ai jamais tenté de livre audio 🙂
ni cette auteure d’ailleurs …le début du texte est très fort en tout cas …
C’est vraiment particulier l’audio. Pour moi c’est tout ce qui fait que j’aime la lecture qui n’est plus…
Une auteure qui écrit particulièrement bien.
bonne journée 🙂
Je continue la conversation chez toi. Mon aller boulot-maison prend environ 20 minutes : idéal pour entendre plusieurs scènes. Je ne sais pas si tous les livres audio s’y prêtent mais celui de Véronique Ovaldé (Ce que je sais de Vera Candida) est vraiment adapté pour. En tout cas, c’est super que tu aies essayé cette expérience.
Oui je suis ravie d’avoir pu découvrir ce moyen car je ne l’aurais pas fait de moi-même. Cependant ça confirme juste ce que je pensais : Je ne suis pas bonne cliente pour ça et je préfère mon bouquin. Mais il est nécessaire, c’est évident 🙂